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50% des agressions sexuelles sont dues à l’addiction au porno

50% des agressions sexuelles perpétrées par des mineurs sont dues à l’addiction au porno, a estimé en mai la Commissaire à l’enfance de Grande-Bretagne, qui réclame des mesures plus « robustes » pour protéger les enfants. Selon ses chiffres, les jeunes commencent à être addict au porno dès 13 ans et 1/10e des jeunes de 16 à 21 ans tombent dans cette addiction dès 9 ans.

« Je pense que nous avons plus que jamais des arguments en faveur de la mise en place des protections les plus solides pour les enfants en ligne. Aucun enfant ne devrait pouvoir accéder ou regarder de la pornographie », a martelé la Commissaire à l’enfance du Royaume-Uni, Rachel de Souza, selon The Guardian.

Selon son rapport, qui s’est penché sur 379 transcriptions d’interrogatoires policiers dans des dossiers d’agressions sexuelles impliquant seulement des mineurs, environ 50% d’entre eux référaient à des actes sexuels violents vus précédemment sur des sites porno.

Parmi tous les dossiers qui concernent ces mineurs, de nombreux cas d’agressions physiques, comme des actes de strangulation, d’étouffement ou encore des claques, ont été répertoriés. Plusieurs d’entre elles étaient aussi accompagnées d’injures.

Des mineurs très accros au porno

Dans plusieurs dossiers, l’agresseur aurait par ailleurs reconnu avoir un rapport malsain ou excessif à la pornographie, l’un d’entre eux ayant même confié avoir été « vraiment très accro au porno ».

Dans d’autres cas, l’abuseur a fait référence à des actes pervers qu’il avait vus sur des plateformes, selon ce que la victime aurait décrit aux policiers, ou encore qu’elle sentait avoir été traitée comme « une pornstar ».

En moyenne, les jeunes impliqués dans ces agressions sexuelles sont tombés dans la pornographie dès l’âge de 13 ans. Pire encore, un dixième des jeunes de 16 à 21 ans ont commencé dès l’âge de 9 ans, selon les données rapportées par The Guardian.

La Commissaire anglaise à l’enfance a aussi estimé qu’il faudrait « inverser la tendance des méfaits de la pornographie aux enfants », en proposant des mesures « robustes », comme des vérifications d’âge obligatoire et des lois en conséquence, ainsi que des amendes salées pour les plateformes porno contrevenantes.

Une autre méthode serait une première identification avec paiement 0€ par carte bancaire, comme on sait le faire dans d’autres domaines. Par ailleurs, ces chiffres soulignent l’importance d’une prévention à mener auprès des jeunes dans les écoles, avec les associations compétentes luttant contre le développement de cette addiction.

En France en 2022, un rapport sénatorial, suivi d’un rapport de l’académie de médecine, puis d’une enquête de l’Arcom ont levé le voile sur l’extrême danger que présente la pornographie pour la jeunesse comme dans la vie adulte.

 

Et vous, qu’en pensez-vous ? Agressions sexuelles et pornographie sont-elles liées, selon vous ? Venez en discuter avec nous sur le live chat’ ! (discussion anonyme et gratuite)

Pour aller plus loin :

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Pour ou contre le crop top ?

On parle beaucoup du burkini sur les plages ou dans les piscines, mais que pensez-vous du crop top ?

Alors que les températures montent et le soleil tape de plus en plus fort, voici qu’un coin de ventre et de dos n’est plus épargné par les coups de soleil : le nombril et le bas du dos.

Certes il ne faut pas verser dans la pudibonderie, tout ça tout ça, ni dans les injonctions à se couvrir de bas en haut en plein cagnard, comme dans certains pays.

Certes, suite au péché originel, Adam s’est retrouvé un peu gêné devant la nudité d’Eve : « ils se rendirent compte qu’ils étaient nus. Ils attachèrent les unes aux autres des feuilles de figuier, et ils s’en firent des pagnes » (Genèse 3,7).

Certes, le Créateur a voulu aussi que nos corps soient aussi faits pour s’aimer jusqu’au don total, donc pour se donner l’un à l’autre, sans retard, sans retour et sans restriction. Comme le dit aussi le Cantique des cantiques, poème le plus sensuel de la Bible. Un jour, nous ressusciterons, y compris notre chair, pour rendre gloire à Dieu !

Pas de brigade anti crop top, donc, ni encore moins de police des tenues vestimentaires. Cependant, il est intéressant de s’interroger sur ce que signifie porter un crop top.

Que signifie porter un crop top ?

Première question : est-ce une sorte de maillot de bain de ville, surtout lorsqu’il est moulant ? On peut légitimement se le demander.

En matière de se vêtir, toutes les contrées de notre bas monde ne sont pas logées à la même enseigne. C’est donc aussi une question de culture. En Inde par exemple, les femmes sont très pudiques, ne portent pas de décolletés ou de jupes courtes, se couvrent une ou deux épaules avec le traditionnel sari. Mais pourtant celui-ci permet de dévoiler un peu de son dos et de son ventre, et souvent son nombril, avec parois un piercing. Ce qui aide aussi clairement à se refroidir lors des fortes chaleurs qui peuvent atteindre 50° !

En Afrique ou en Amérique latine, le rapport au corps n’est pas le même que dans l’hémisphère Nord. Ainsi, les femmes peuvent allaiter en public sans craindre les regards pervertis, et même parfois garder les seins à l’air sans avoir à se soucier du regard des hommes !

En Europe en revanche, où les températures sont tout de même bien inférieures, montrer son nombril n’a pas du tout la même signification. De fait, avec l’explosion des agressions sexuelles et des viols, des violences conjugales et de l’addiction à la pornographie chez les mineurs comme les adultes, un nombril à l’air n’émeut plus grand monde. La question de la pudeur est relativisée, même si, en France, 3/4 des Français disent y rester attachés.

On s’est donc presque habitué à voir les femmes faire leur jogging en tenues moulantes (le fameux body si près du corps),  ou porter des shorts si courts (le fameux shorty). Et l’on se demande bien quel morceau de tissu on pourrait encore enlever sans voir le bas des fesses, si ce n’est pas déjà le cas !

Quelle est l’intention derrière le port d’un crop top ?

Les femmes ne s’y trompent pas, l’objectif est atteint : cela attire le regard des hommes, indubitablement. Il est en de même pour le crop top : d’aucuns affirmeront que dans l’imaginaire masculin, le nombril représenterait ce qui se trouve derrière, à savoir, grosso modo, le haut du vagin. Donc rien de moins que l’objectif final, le but ultime, d’où sa valeur ! Montrer son nombril en public pourrait donc être perçu par les garçons, en tout cas inconsciemment, comme une invitation à la séduction. Le respect de la pudeur – osons encore ce mot – donc de soi-même et des autres, exigerait de ne pas trop l’exhiber, surtout devant n’importe qui.

Le risque avec la mode du crop top – à quand la suivante ? – est donc de donner à voir un peu trop de soi-même. Mais aussi, de se soumettre sans liberté aux injonctions sociales actuelles (« toutes mes copines le font »), jusqu’à devenir esclave de son propre corps et des regards des garçons.

A-t-on besoin du crop top pour se mettre en valeur ?

Pourtant, notre valeur ne réside pas dans la beauté de notre corps ou notre manière de nous habiller, mais dans qui nous sommes réellement, dans les talents que nous cultivons ou dans la manière d’apporter sa pierre à l’édification d’un monde meilleur, de se donner aux autres sans se regarder le nombril.

Qu’on se le dise : on peut très bien exister sans crop top, montrer un autre visage de sa personnalité, et réserver presque exclusivement son nombril au futur être aimé, comme un cadeau spécial ! Qui osera ce challenge autrement plus exigeant que dévoiler son nombril ?

Notre corps est le temple de l’Esprit de Dieu, qui est amour, pas des marchands de tissus de plus en plus raccourcis, n’en déplaise aux regards obliques.

Et vous, qu’en pensez-vous ? Portez-vous un crop top ? Venez en discuter avec nous sur le live chat’ ! (discussion anonyme et bienveillante) :

Pour aller plus loin :

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ActusPorno

Accès des mineurs à la pornographie : +36% en 5 ans

L’Arcom dévoile les derniers chiffres de Médiamétrie qui témoignent d’une inquiétante augmentation du nombre de mineurs exposés à la pornographie : +36% en 5 ans. C’est phénomène massif qui s’aggrave d’année en année, détaille cette étude consultable en ligne.

Ainsi, chaque mois :

  • 2,3 millions de mineurs fréquentent des sites pornos, un chiffre en croissance rapide ces dernières années.
  • 30% des mineurs se rendent (chaque mois) sur un site pour adultes (contre 37% pour les adultes) et 9% quotidiennement
  • 51% des garçons de 12-13 ans se rend sur ces sites, 65% pour les 16 et 17 ans
  • en moyenne 12% de l’audience des sites adultes est réalisée par les mineurs (17% sur certains sites)
  • quotidiennement, près d’un mineur sur dix se rend sur les sites à destination des adultes
  • 75% des mineurs qui fréquentent des sites pornographiques le font exclusivement sur leur smartphone (55% pour les adultes)

Chaque mois en 2022, plus d’un tiers des internautes s’est rendu sur des sites ‘adultes’. La proportion est à peine plus faible chez les mineurs. Chaque jour, ces sites sont fréquentés par 10% des internautes, quel que soit l’âge.

La part des mineurs fréquentant des sites ‘adultes’ a progressé de +9 points en 5 ans :  de 19% fin 2017 à 28% fin 2022 et la fréquentation moyenne quotidienne des mineurs est également en hausse.

Une explosion de l’exposition des mineurs à la pornographie

Le nombre de mineurs visitant des sites adultes chaque mois a augmenté de +36% en 5 ans (+ 600 000). Le nombre d’adultes est en revanche assez stable. Les visiteurs de sites porno dit aussi “sites adultes” y passent en moyenne 1h45 par mois avec une durée de consultation qui varie fortement selon l’âge.

  • Les sites à destination des adultes concernent plus de 19 millions d’internautes chaque mois, soit 36% des internautes.
  • Les visiteurs de ces sites y passent en moyenne 1h45 par mois, une durée portée à près de 2h pour les majeurs, mais en revanche inférieure à une heure pour les mineurs (50 mns)
  • L’âge et le sexe sont des déterminants forts de la consommation de pornographie : plus de la moitié des garçons de 1217 ans s’y rendent 
  • Dès 12 ans, les garçons qui visitent des sites adultes y passent une heure par mois en moyenne, et 36 minutes par mois dès l’âge de 10 ans !
  • Tout âge confondu, chaque mois en moyenne, les hommes sont 2,5 fois plus nombreux (53%  vs 20%) et passent sur les sites adultes trois fois plus de temps que les femmes (2h12 par mois vs 43 minutes).
  • Le temps passé sur les sites adultes est particulièrement concentré sur quelques sites pour les mineurs : les 5 premiers sites captent 59% du temps passé sur les sites adultes (vs 43% chez les majeurs). Le premier d’entre eux, qui connaît une envolée des visiteurs mineurs depuis 2017, rassemble 1,4 million de mineurs chaque mois, soit 18% des visiteurs. Pour plusieurs sites, les mineurs représentent plus de 10% de l’audience.

L’Arcom est engagée dans cette bataille

Conformément à la loi du 30 juillet 2020 visant à protéger des violences conjugales, l’Arcom est chargée de  faire respecter l’interdiction de l’accès des mineurs aux sites pornographiques. L’Arcom a ainsi mis en demeure dix sites pornographiques de mettre en œuvre des mesures concrètes afin d’empêcher l’accès des mineurs à  leurs contenus. Une décision du tribunal administratif de Paris est d’ailleurs attendue le vendredi 7 juillet à ce sujet.

De son côté, le Sénat a publié en septembre 2022 un rapport d’information sur l’industrie du porno, au nom de la délégation aux droits des femmes, dévoilant l’enfer du décor mais aussi la responsabilité des réseaux sociaux, et incluant des recommandations pour lutter contre les violences pornographiques et leurs conséquences.

Enfin, l’académie de médecin a également pointé les nombreux dangers du porno le 24 janvier 2023, tandis qu’en Grande-Bretagne, un rapport de police indique que 50% des agressions sexuelles sont dues à l’addiction au porno.

A ce sujet, lire aussi :

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SOSpornoLaCroix
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SOSporno dans La Croix

Le quotidien catholique La Croix parle de SOSporno le 27 février : extrait.

Gwenaëlle n’a que 12 ans lorsqu’elle découvre des images pornographiques pour la première fois. Elle
devient rapidement « addict ». « Un après-midi, en regardant des vidéos, j’ai eu envie d’aller regarder de
la pornographie, raconte cette jeune femme d’une vingtaine d’années sur le site chrétien SOS Porno. Et à
ce moment-là, j’ai senti une puissance qui venait du ciel et j’ai crié “non !” J’ai su que j’étais délivrée. ».

SOS Porno propose ainsi des dizaines de témoignages de personnes qui sont sorties de cette addiction
grâce à la foi et milite activement contre la pornographie. Elle fait partie des nombreuses structures
chrétiennes, en particulier catholiques, comme le réseau des Associations familiales catholiques (AFC),
Alliance Vita ou encore Lights in the dark – qui a créé le site SOS Porno –, mobilisées depuis longtemps
contre la pornographie.

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Lire nos autres témoignages :

Aventure-liberte-2023
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Sortir du porno : nouveau parcours Aventure liberté, dès le 11 mars !

Après une première édition à laquelle ont participé plus de 270 personnes accros au porno et 400 parrains, voici une nouvelle édition du parcours Aventure Liberté pour sortir du porno !

Une “Aventure Liberté” pour t’aider à comprendre et sortir de ton addiction

Tu te sens concerné(e) de près ou de loin par l’addiction à la pornographie ou la masturbation ?  Voici un parcours de 30 jours qui commence le 11 mars 2023 !

Chaque jour, reçois :

  • un mail avec un conseil du coach
  • un message d’encouragement
  • une attention particulière à avoir
  • une action concrète à réaliser.

Tanguy LafforgueCe conseil est donné par un professionnel du sujet de l’addiction à la pornographie : Tanguy Lafforgue (lire notre interview).

Tu recevras après ton inscription le prénom d’un “parrain” qui prie pour toi et qui suit un parcours spécifique ayant commencé au début du Carême avec la mère du bienheureux Carlo Acutis. A mi-parcours, il te sera proposé un Zoom/Youtube avec elle : elle nous parlera de son fils et à qui tu pourras poser, si tu le souhaites, tes questions en direct.

 

 

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Pour t’inscrire au parcours “Aventure liberté” avec SosPorno.net et recevoir un parrain* :

Si tu veux devenir parrain et offrir ton Carême 2023 pour une personne addicte qui suit le parcours, l’inscription est ici.

Pour aller plus loin :

Des questions sur ce parcours Aventure liberté ? Viens en parler avec nous sur le chat’ ! (écoute anonyme et gratuite) :

(*) Le parrain recevra uniquement votre prénom. Toutes les autres informations (mail, nom de famille) resteront confidentielles.

 

Comprendre son addiction 

porno-Academienationaledemedecine
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L’Académie de médecine pointe les nombreux dangers du porno

Dans un rapport rendu public le 24 janvier 2023, l’Académie de médecine pointe du doigts les nombreux dangers du porno. Notre synthèse.

La libération de la sexualité et l’accès à la pornographie sont des phénomènes désormais anciens qui ont débuté dans les années 1970-1980. Mais c’est l’avènement des nouveaux médias et leur généralisation, spécialement Internet, qui ont rendu la pornographie accessible partout, facilement et par tous, y compris par les enfants. Alertée par les Associations familiales catholiques (AFC), la Haute Autorité en Santé a demandé à l’Académie nationale de médecine de travailler sur le sujet.

Un travail qui fait écho au rapport sénatorial de septembre 2022 sur la pornographie, dont nous avions longuement parlé ici.

Ainsi, dans son rapport, l’Académie de médecine développe une réflexion sur trois axes :

  1. l’ampleur du phénomène chez l’enfant et l’adolescent, en particulier en France ;
  2. les effets et les conséquences que cette exposition précoce à la pornographie peut avoir sur les enfants et les adolescents, en particulier sur leur sexualité future en termes d’attentes, de comportements ou de dynamiques relationnelles ;
  3. les mesures que la société devrait mettre en place pour pallier les conséquences de ces phénomènes et, protéger les enfants. (« C’est désormais la pornographie qui vient aux jeunes, et non une démarche volontaire » affirme le rapport : on peut se demander pourquoi rien n’est fait – ce qui serait possible techniquement – pour bloquer ces sites Internet.)

Nous avons souhaité résumer pour vous ce rapport en 7 points saillants :

  1. Le porno met parfois en image des pratiques violentes, douloureuses, humiliantes voire zoophiles
  2. Le porno touche d’abord les garçons
  3. Le porno influence la sexualité des futurs adultes
  4. Il existe un lien entre le porno et la violence dans notre société
  5. Les enfants peuvent « être changés » par la pornographie
  6. Le porno engendre une soumission de la femme
  7. Des pratiques nouvelles et comportements problématiques : sexting/sextos/sextape… sexchem (drogues), conduites addictives, exploitation sexuelle des mineur(e)s.

1.Le porno met parfois en image des pratiques violentes, douloureuses, humiliantes voire zoophiles

Il arrive régulièrement que des acteurs porno ou producteurs de porno soient mis en examen pour viols en réunion.

Dans son introduction, l’Académie de médecine précise que la pornographie a toujours existé et qu’elle est devenue une affaire d’argent : « Depuis les années 70 et la libération sexuelle, elle fait partie de notre société. Il est difficile d’affirmer si elle est plus violente ou extrême aujourd’hui. Néanmoins sa diffusion plus grande et plus facile inquiète (…). En effet, depuis l’avènement de la vidéo dans les années 1980 et encore plus dans les années 2000 avec internet et les nouveaux médias, on peut considérer que la pornographie est partout et surtout accessible même par des enfants en quelques clics. Les photos ou films pornographiques sont très facilement disponibles, même quand ils mettent en image des pratiques violentes, douloureuses, humiliantes voire zoophiles. Certaines, non moins accessibles, décrivent des viols. Le porno est devenu plus une affaire d’argent que de sexualité puisqu’il représente 25% du trafic web de vidéos dans le monde. » 

La première partie du rapport concerne « l’ampleur du phénomène chez l’enfant et l’adolescent, en particulier en France, et l’appréciation des évolutions récentes et préoccupantes qui peuvent émerger ». La seconde question analyse « les conséquences d’un accès ou d’une exposition précoce à la pornographie sur la sexualité future en termes d’attentes, de comportements ou de dynamique relationnelle ».

De plus, l’Académie de médecine fait le lien entre porno et comportements déviants : « Plus spécifiquement, la question se pose de savoir s’il existe une relation de cause à effet directe avec certaines problématiques de l’adolescent et du jeune adulte ayant trait à la sexualité et aux comportements déviants ».

En ce qui concerne l’âge, précise le rapport, cela commence très tôt : « les quelques études qui ont exploré les enfants d’âge pré-pubère (âgés de 1011 ans) montrent que l’accès volontaire à la pornographie est limité à 2 à 5 % chez les garçons et 1 % chez les filles » (à SOSporno.net, nous constatons souvent des débuts vers 12 ans). Néanmoins, ajoute l’étude, « la prévalence de l’exposition comme de l’accès augmente rapidement avec l’âge pour atteindre un plateau en dernière année de lycée ».

« Les données les plus importantes sont issues d’un sondage Ipsos réalisé en février 2017 pour l’Observatoire de la Parentalité et de l’Education Numérique sur un échantillon représentatif de 1005 adolescents et adolescentes âgés de 15 à 17 ans ». 

2. Le porno touche d’abord les garçons

Selon l’Académie de médecine, beaucoup de jeunes jugent avoir été exposées trop jeunes.

Sans surprise, les garçons sont également plus gros consommateurs avec 10 % de consommateurs réguliers (une fois par semaine). «  Parmi les garçons, on retrouve les différences d’exposition à la pornographie  : 26% des adolescents homosexuels interrogés et 25% des bisexuels (contre 9% des hétérosexuels); 25% des adolescents scolarisés en ZEP, contre 10% en zone non prioritaire; 23% des étudiants (contre 14% des collégiens et 9% des lycéens); 20% des adolescents ayant déjà eu un rapport sexuel (contre 7% de ceux n’en ayant jamais eu). La moitié des adolescents interrogés (53% des garçons et 52% des filles) a été exposée involontairement à la pornographie ».

« L’âge moyen du 1er visionnage est  de 13.9 ans chez les adolescents (les plus jeunes interrogés âgés de 15 ans), contre 14.7 ans chez ceux âgés de 17 ans, plus tôt à 13.6 ans chez les adolescents musulmans (contre 14.1 et 14.7 ans chez les athées et les catholiques respectivement); plus tôt à 13.6 ans et 13.8 ans chez les adolescents homosexuels et bisexuels respectivement (contre 14.4 ans chez les hétérosexuels) ».

Les circonstances du premier visionnage tel que les adolescents les déclarent dans l’enquête, « sont seul le plus souvent pour 64% des garçons et 47% des filles; ou en groupe avec un ou des ami(s) pour 31% des garçons et 36% des filles; avec le petit copain ou la petite copine pour 3% des garçons et 13% des filles; avec un membre de l’entourage familial (cousin, frère, sœur…) pour 1% des garçons et 4% des filles ».

Le rapport précise que plus de la moitié des jeunes (53% des garçons et 59% des filles) jugent avoir été trop jeunes lors de leur premier visionnage ; notons que 100% des jeunes filles non scolarisées, 100% des jeunes filles musulmanes, et 93% des adolescentes scolarisées en zone prioritaire jugent avoir été exposées trop jeunes.

L’addiction au porno s’installe souvent très tôt. Selon l’Académie de médecine, l’usage de drogues peut l’accompagner…

3. Le porno influence la sexualité des futurs adultes

La proportion d’adolescents pour qui l’exposition et l’accès à la pornographie ont participé à leur apprentissage de la sexualité « est très significative », souligne le rapport : « 48% des garçons (dont 10% considère l’influence importante) et 37% des filles (dont 3% considère l’influence importante) ». Cette proportion, précise l’Académie de médecine, « est plus importante chez les plus jeunes, chez ceux ayant déjà eu un rapport sexuel (55% chez les garçons et 44% chez les filles) ou chez ceux qui se sont déjà masturbés, chez les adolescents homosexuels ou bisexuels, chez les plus jeunes (collégiens), chez les adolescents scolarisés en zone prioritaire (73% contre 46%), et chez les musulmans (73% contre 48% chez les catholiques ou les sans religion) ».

4. Il existe un lien entre le porno et la violence dans notre société

« En parallèle de la simplification d’accès à la pornographie, on constate une exposition médiatique constante aux contenus violents et une régulation de la violence à partir de points de vue ou prises de position toujours plus polarisés », affirme également l’Académie de médecine. « Ces deux phénomènes ont aussi un impact sur les enfants et adolescents. Dès lors, il est difficile de faire un lien direct entre violence contemporaine et accès à la pornographie. Reste que dans des contextes de pratiques spécifiques (protection de l’enfance, victimologie, droit des victimes, enquête sur cas de viol ou d’abus sexuel intrafamilial…), sont parfois rapportées des violences accompagnées d’une consommation de contenus pornographiques par les auteurs seuls ou en compagnie des victimes ».

5. Les enfants peuvent « être changés » par la pornographie

« Près de 80% des jeunes interrogés pensent que les films pornographiques sont une caricature de la normalité des corps et des comportements », affirme l’Académie de médecine. « Néanmoins, les enfants et les adolescents peuvent tout autant apprendre de qu’être changés par la pornographie. Par ailleurs, la plupart des experts soulignent que la sexualité associée à la consommation de pornographie est déconnectée le plus souvent de tout sentiment affectif. »

6. Le porno engendre une soumission de la femme

Le porno, un esclavage ? Il y a bien soumission de la femme et pratiques à risques… selon l’Académie de médecine.

Le porno véhicule une vision de la femme comme objet sexuel, selon l’Académie de médecine :  « La pornographie dans son immense majorité promeut de forts stéréotypes de genre contribuant à montrer la femme comme un objet sexuel, croyance fréquente chez les garçons consommateurs. De manière générale, la pornographie contribue à une vision du monde moins progressiste en termes d’égalité de genre : l’homme y est volontiers dominant,la femme soumise. »

Enfin, notons que « les jeunes consommant régulièrement des médias pornographiques sont plus souvent susceptibles de déclarer avoir plusieurs partenaires, pratiquer du “sexe anal” ou consommer de l’alcool et des drogues. Ainsi, il semble que l’exposition et l’accès à la pornographie soient associés à des attitudes irréalistes au sujet de la sexualité (par exemple en termes de performances); à une sexualité plus permissive (par exemple en facilitant la pratique de la fellation ou de la sodomie); à une plus grande acceptation de la sexualité occasionnelle (avec ses retombées dommageables en termes de prévention des maladies sexuellement transmissibles et de recours à l’intervention volontaire de grossesse); et à une certaine maladresse dans les relations intimes à l’autre ».

7. Des pratiques nouvelles et comportements problématiques

La dernière partie du rapport évoque les pratiques nouvelles et comportements problématiques que sont le sexting (envoi de photos/vidéos de soi nu ou de tiers à d’autres personnes, c’est à dire sextape, sextos, etc.),  « les conduites addictives à la pornographie », ou encore le “chemsex” (usage de substances psychoactives avec du porno) et qui vont jusqu’à l’exploitation sexuelle des mineurs.

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Pour aller plus loin :

 

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Réseaux sociaux et messageries privées, nouveaux vecteurs du porno

Les réseaux sociaux et messageries privées sont devenus un vecteur grandissant de diffusion du porno, comme le souligne le rapport du Sénat du 28 septembre 2022 : « c’est le cas notamment de médias sociaux tels que Twitter ou Instagram ». S’agissant des messageries privées, les échanges et téléchargements de contenus pornographiques via WhatsApp ou Snapchat sont également de plus en plus fréquents, surtout au sein du public adolescent !

30 % des jeunes entre 15 et 17 ans ont déjà vu du contenu porno

Ainsi, une récente étude allemande publiée au mois d’avril 2022, sur les habitudes des adolescents français concernant la pornographie en ligne a révélé les résultats d’un sondage Ifop réalisé en avril 2021, auprès de 1 000 jeunes, âgés de 15 à 17 ans, selon lesquels :
30 % d’entre eux ont été exposés à du contenu sexuel explicite via des vidéos ou images pornographiques, directement sur les réseaux sociaux (Instagram, Twitter ou Reddit), sans passer par des sites pornographiques ;
– 24 % d’entre eux déclarent avoir été exposés à ce type de contenus en le recevant ou le téléchargeant via des messageries privées, telles que WhatsApp (propriété de Facebook) ou Snapchat ;
– 17,6 % d’entre eux ont visionné ce type de contenus sur YouTube ;
– 29,5 % d’entre eux déclarent également accéder à ce type de contenus via des moteurs de recherche sur Internet tels que Google.

Lors d’une table ronde organisée le 9 mars 2022 devant la délégation du Sénat, une actrice, réalisatrice et productrice de films pornographiques déclarait : « il n’est pas rare de trouver du contenu pornographique non flouté sur Twitter, même après plusieurs signalements. Twitter ne propose aucun dispositif pour réguler ces contenus, pas plus que Google, puisqu’il suffit de taper un mot clé à caractère sexuel dans la barre de recherche “ images ” pour découvrir des milliers de contenus pornographiques sans même avoir ouvert la moindre page d’un site porno. »

Les contenus pornographiques ou du moins en faisant la promotion ne sont également pas rares sur Instagram. Il convient néanmoins de noter qu’en septembre 2022 ce réseau social a décidé de supprimer le compte de la première plateforme de pornographie en ligne. Mais d’autres réseaux sociaux se penchent sur le porno…

Cette année, Twitter voulait se lancer dans le porno

Le 30 août 2022, Numérama nous révélait que Twitter souhaitait depuis le printemps 2022 lancer un concurrent de la première plateforme mondiale de partage de vidéos pornographiques, projet appelé ACM, pour Adult Content Monetization (monétisation du contenu adulte). En effet, les responsables de Twitter avaient constaté que les utilisateurs de cette plateforme de porno utilisaient presque tous Twitter pour trouver des “clients”. Alors Twitter a constitué une équipe de 84 employés chargés de se prononcer sur cette question : ils sont arrivés à la conclusion que les capacités de modération de Twitter étaient ridicules face aux risques engrangés par un tel service. En effet, Twitter se dit incapable de reconnaître du contenu pédopornographique ou de la violence sexuelle, ni ne connaît pas l’âge réel de ses utilisateurs. Ce qui pose tout de même question.

Les “tubes” Youtube, etc.

L’arrivée des tubes, véritables robinets à images pornographiques, a donc profondément bouleversé le secteur économique de la pornographie qui reposait auparavant essentiellement sur une consommation payante, à l’accès relativement encadré et règlementé, de contenus vidéos produits de manière « classique » par des entreprises fonctionnant sur le modèle de grandes productions cinéma. Le besoin massif de nouveaux contenus pour alimenter ces plateformes a notamment constitué le point de départ de pratiques favorisant les violences sexistes et sexuelles envers les femmes, leur exploitation sexuelle ainsi que la production de contenus de plus en plus « trash » et violents pour alimenter les intérêts économiques de cette véritable industrie du sexe.

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Pour aller plus loin :

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Le porno produit viols et traite des êtres humains

Maltraitances sexuelles, physiques et psychologiques, viols, prostitution donc traite des êtres humains. Le porno  serait-il un véritable esclavage ? Le Sénat n’en fait pas mystère, dès son introduction : « Ce rapport s’inscrit dans un contexte particulier, celui du traitement pénal, pour la première fois en France, de violences commises dans un contexte de pornographie sur des femmes victimes de graves maltraitances, sexuelles, physiques et psychologiques, perpétrées par des criminels de l’industrie pornographique, faisant aujourd’hui l’objet de diverses mises en examen, notamment pour viol, viol aggravé, complicité de viol avec acte de torture et de barbarie, traite des êtres humains aux fins de viol, proxénétisme ».

Céline Piques, porte-parole de l’association Osez le féminisme !, soulignait ainsi devant la délégation aux droits des femmes, le 20 janvier 2022 : « d’un point de vue juridique, les vidéos et leurs synopsis sont condamnables pour apologie de crime, de pédocriminalité, d’inceste, de haine raciale ou de lesbophobie. Ce sont toutes des incitations à commettre des crimes, punies par la loi. Les plateformes pourraient être poursuivies pour le caractère illégal de ces vidéos. »

La procureure de la République de Paris, Laure Beccuau, lors de son audition par la délégation le 15 juin 2022, a rappelé pour sa part que « les incriminations applicables aux sites pornographiques violents sont nombreuses : viol aggravé, agression sexuelle, actes de torture et de barbarie, traite des êtres humains, proxénétisme. La lutte contre ces infractions est significative car le milieu pornographique est quasi-exclusivement celui de la violence ».

Une porosité avérée entre le monde de la prostitution et celui de la pornographie

Le Sénat souligne d’ailleurs une porosité avérée entre le monde de la prostitution et celui de la pornographie. De nombreux experts auditionnés par la délégation dans le cadre de ses travaux sur l’industrie de la pornographie ont fait état cette évidente porosité. C’est ainsi qu’Elvire Arrighi, chef de l’Office central pour la répression de la traite des êtres humains (OCRTEH) au ministère de l’Intérieur, a déclaré devant la délégation lors de son audition le 18 mai 2022, « la porosité entre le monde de la prostitution et celui de la pornographie est évidente. Mes enquêteurs, dans leur travail quotidien sur Internet pour démanteler des réseaux de proxénétisme, tombent très régulièrement sur des annonces vantant l’expérience des prostituées dans le domaine de la pornographie. Il y a un acronyme bien connu : PSE, à savoir porn star experience, ce qui veut tout dire. L’intersection est incontestable : celles qui sont exploitées dans le domaine de la prostitution le sont également régulièrement dans le cadre de la pornographie. »

Le caractère « prostitutionnel » de la pornographie

Sonny Perseil, docteur HDR en science politique, chercheur au Conservatoire national des arts et métiers (Cnam), a présenté à la délégation, lors de son audition le 3 février 2022, le résultat de ses recherches sur les « cadres de la pornographie » et fait état du caractère prostitutionnel de la pornographie : « quand des personnes acceptent contre rétribution de réaliser des prestations sexuelles – ce qui est le cas parfois pour des films présentés par leur marketing comme amateurs –, on peut commencer à parler de prostitution. En plus de ce premier niveau d’explication par la définition même de la prostitution en tant qu’acte sexuel tarifé, tout un faisceau d’indices a conduit à établir plus rigoureusement cette qualification prostitutionnelle. »

De la prostitution de rue aux “escorts girls” en ligne

Le rapport du Sénat souligne aussi que l’évolution des pratiques prostitutionnelles caractérisée, notamment, par un déplacement de la prostitution de rue vers la prostitution dans des appartements privés avec une mise en relation directe du client et de la personne prostituée via des sites de petites annonces, alimente les liens de plus en plus étroits qui existent entre l’activité prostitutionnelle et la pornographie. Ainsi que le soulignait également Sonny Perseil devant la délégation du Sénat le 3 février 2022, « en France, l’activité prostitutionnelle a largement abandonné la rue pour investir en masse les sites Internet d’escorts. S’agissant de ces derniers, il est intéressant de noter l’influence de la pornographie sur l’offre de services sexuels, l’acronyme PSE – Porn Star Experience – décrivant bien la tendance des prostituées comme des clients d’offrir et de demander, sur le marché des échanges économico-sexuels, des performances autrefois réservées aux hardeurs. Ainsi, l’activité pornographique paraît avoir un effet direct sur le marché de la prostitution. »

Les webcams, hybridation emblématique entre prostitution et pornographie

Le chercheur Sonny Perseil a également évoqué l’apparition récente d’une forme alternative de commercialisation de contenus pornographiques sur Internet : les webcams qu’il a qualifié d’activité « emblématique car parfaitement hybride entre prostitution et pornographie. Si le client reste devant son écran, afin d’obtenir une forme de jouissance, il a la possibilité de guider et de solliciter des actes sexuels accomplis par une hôtesse. Ce n’est pas la première fois que des contacts directs entre un client et une actrice pornographique sont constatés. (…) cette systématisation de l’interaction entre un client extérieur au champ professionnel de la pornographie et une femme qui joue devant son écran avec les usagers – en leur parlant, en exécutant leurs demandes sexuelles personnalisées, seule, avec des accessoires ou des partenaires – finit de démontrer la confusion entre pornographie et prostitution. »

Porno et traite des êtres humains, deux univers poreux

Sur le terrain, l’enquête du journaliste Robin D’Angelo, auditionné par la délégation, a également révélé des liens évidents entre pornographie et prostitution, ainsi qu’il en faisait état devant la délégation le 17 février 2022 : « j’ai recueilli beaucoup de témoignages de femmes en situation de prostitution, à qui un client a proposé de rencontrer une connaissance qui produit du porno. C’est ainsi qu’on passe d’un univers à l’autre. Les producteurs ont pour objectif de toujours recruter de nouvelles femmes pour alimenter en permanence le flux des tubes.

Lorsque des sites web publiaient des annonces de prostitution, ils allaient contacter en masse les femmes qui se prostituaient sur ces sites pour les recruter. La passerelle est évidente. D’ailleurs, beaucoup d’actrices pornographiques ne peuvent pas vivre uniquement de ces tournages et officient en tant que gogo danseuses dans des boîtes de nuit, ou se prostituent à côté. Le “ travail du sexe ” est à 360 degrés. Les liens sont très forts ».

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Proxénétisme 2.0 : le business vertigineux des plateformes porno

Dans son rapport choc l’Enfer du décor, le Sénat français donne des chiffres vertigineux sur le business lucratif du porno et fait le lien avec un proxénétisme 2.0. Certaines plateformes ont vu leur fréquentation augmenter de 75 % en 2020, avec un chiffre d’affaires en pleine explosion ! Extraits.

Le bandeau “interdit au -18 ans” est la plupart du temps purement théorique.

Auditionnée le 20 janvier 2022, Céline Piques, porte-parole d’Osez le féminisme ! a indiqué aux membres de la délégation du Sénat que « tout un pan de la pornographie et de la prostitution se développe aujourd’hui sur des plateformes alternatives, le proxénétisme 2.0. À l’origine, les consommateurs payaient pour accéder à des comptes de célébrités publiant des contenus “exclusifs”. Ces vidéos font littéralement de la publicité pour la prostitution et la pornographie. Elles incitent les jeunes filles, parfois mineures, à ouvrir un compte. Vous commencez à faire de la “cam” porno, ou des vidéos à caractère sexuel, les proxénètes et clients prostitueurs y recrutent ensuite des mineures ou des jeunes femmes. Un débat a porté sur le fait que ces plateformes deveraient bannir les contenus sexuels, ils ont failli le faire en octobre dernier, mais ils ont fait machine arrière en se rendant compte que leur business model allait s’effondrer s’ils le faisaient. »

Twitter et Instagram servent de filets

Le modèle économique de ces nouvelles plateformes numériques permettant le partage de contenus pornographiques est très différent de celui des “tubes” : les personnes qui détiennent un compte sur ces plateformes peuvent mettre en ligne leurs propres vidéos à caractère sexuel, souvent filmées avec un simple smartphone, et les vendent directement aux consommateurs, soit à l’unité soit via un système d’abonnement. La première plateforme mondiale (dont on taira le nom pour ne pas lui faire de publicité) et qui héberge ces contenus, prélève une commission estimée entre 20 et 50 % des revenus générés par leur diffusion. Ainsi, cette plateforme propose le plus souvent à ses utilisateurs de s’abonner à des profils de « personnalités » afin de leur donner accès à des contenus pornographiques “exclusifs”, pour un tarif pouvant varier de 4,99 à 49,99 dollars par mois en moyenne ! Les producteurs de contenus invitent généralement leurs abonnés à les rejoindre sur cette plateforme depuis d’autres sites ou réseaux sociaux tels que Twitter ou Instagram…

Entre 500 et 1 million de femmes se prostituent sur Internet avec le business du porno

Des enfants aussi vendent des vidéos explicites via les plateformes porno (lire plus bas).

Dans un article daté du 22 mai 2020, publié sur le site capital.fr, intitulé : « Les secrets des GAFA du sexe », le journaliste Jacky Goldberg indique au sujet de ces nouvelles plateformes de partage de contenus personnalisés : « le marché de ces sites, surnommés clipsites ou fansites, est estimé pour l’instant à 0,5 milliard de dollars, mais il ne cesse de croître. (…) les candidates sont chaque jour plus nombreuses. “Il y a dans le monde entre 500 000 et un million de femmes qui vivent de ce business du porno”, calcule un PDG d’hébergeur de porno, c’est colossal ». Le journaliste poursuit en précisant qu’une des utilisatrices de la plateforme lui a révélé que son seul compte sur cette plateforme lui avait rapporté, en 2019, 150 000 dollars une fois retranchés les 20 % de commission et que, pour toucher une telle somme dans le circuit classique de la pornographie, il lui aurait fallu tourner 100 scènes à son tarif habituel de 1 500 dollars.

Lors de la table ronde du 3 février 2022 autour de chercheurs et de juristes sur la production de contenus pornographiques, Béatrice Damian-Gaillard, docteur HDR en sciences de l’information et de la communication, professeure à l’Université Rennes 1, chercheuse à Arènes (laboratoire CNRS), a précisé devant la délégation que « les acteurs et actrices comptent de plus en plus sur les revenus qu’ils tirent, non plus des contrats avec les studios, mais des rémunérations qu’ils ou elles reçoivent sur leurs comptes personnels depuis les plateformes. Les montages juridiques et économiques des structures vont donc aujourd’hui d’acteurs qui sont autoentrepreneurs à des groupes multinationaux. »

Un chiffre d’affaire de 2,5 milliard de dollars et 5 milliards reversés aux créateurs de contenus porno

Fondée au Royaume-Uni en 2016, la première plateforme mondiale de partage de contenus porno, qui visait à l’origine des fans de musique en leur proposant de suivre au plus près leurs artistes préférés, a commencé à attirer les producteurs de contenus à caractère sexuel et pornographique après son rachat en 2018 par le propriétaire d’un site de streaming vidéo pour adultes. Aujourd’hui, la plateforme affirme verser annuellement plus de 5 milliards de dollars à ses 1,5 million à 2 millions de créateurs de contenus dans le monde. Cette plateforme a vu sa fréquentation augmenter de 75 % en 2020, bénéficiant notamment de la crise sanitaire et des confinements successifs à travers le monde. Son audience serait aujourd’hui proche des 200 millions de visiteurs mensuels. En outre, selon des projections publiées en mars 2021 par son propriétaire, la plateforme projetait de passer d’un volume de transactions de 2,2 milliards de dollars en 2020 à près de 6 milliards de dollars en 2021 et 12,5 milliards de dollars en 2022, son chiffre d’affaires devant également être multiplié par cinq pour atteindre 2,5 milliards de dollars en 2022 !

9 millions d’utilisateurs pour la principale plateforme française

Ainsi, des sites construits sur ce modèle avec un fonctionnement similaire basé sur un système d’abonnement pour un accès à du contenu “exclusif” pornographique se multiplient, attirés par les revenus exponentiels générés par ce type d’activités. C’est le cas par exemple d’une célèbre plateforme française proposant également du contenu exclusif à caractère pornographique : créée en 2019, elle a vu son nombre d’utilisateurs plus que doubler en 2020 et en recense à ce jour près de 9 millions, d’après des données publiées par le journal Le Monde au mois de septembre 2022.

Des plateformes qui se multiplient

De nombreuses autres plateformes analogues ont été créés pour faire concurrence à la première plateforme mondiale, qui continue toutefois à dominer le marché de la monétisation de contenus pornographiques sur Internet. Si ces sites exigent d’avoir plus de 18 ans pour être en mesure d’ouvrir un compte et de partager du contenu, il n’est pas rare(!) que des mineurs parviennent à ouvrir un compte et à créer du contenu à caractère pornographique en utilisant une fausse identité ou en usurpant l’identité d’autrui, comme l’a révélé une enquête britannique de la BBC, publiée le 27 mai 2021, intitulée Les enfants qui vendent des vidéos explicites via les plateformes porno.

« La multiplication de ces plateformes pose donc question en matière de protection des mineurs et de lutte contre la prostitution en ligne des mineurs », conclut le rapport sénatorial. Il serait pourtant très simple de mettre fin à ce proxénétisme 2.0 en interdisant l’accès à ces plateformes via les différents fournisseurs d’accès à Internet et principaux les moteurs de recherche, comme le font certains pays sur d’autres sujets.

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Pour aller plus loin :

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Porno : proxénétisme, violences… l’enfer du décor

Le Sénat publie mercredi 28 septembre 2022 un rapport choc de 189 pages sur l’industrie du porno, ayant pour titre “L’enfer du décor” : proxénétisme, pratiques violentes, humiliantes, sans consentement (viols…). Le constat est accablant. 

Aujourd’hui en France, 20 millions de visiteurs uniques visitent chaque mois un site porno. En outre, 80% des mineurs ont déjà vu des contenus pornographiques et, à 12 ans, près d’un enfant sur trois a déjà été exposé à de telles images. Une recherche sur huit sur un ordinateur concerne de la pornographie, et sur smartphone, c’est une recherche sur cinq. (Une véritable addiction qui demande des plateformes comme SOSPorno pour permettre de s’en sortir !).

Dans un contexte où de nombreuses dérives et des pratiques de plus en plus extrêmes, violentes et dégradantes dans le milieu de la pornographie ont été révélées par la presse et dénoncées, ce rapport explosif du Sénat se penche notamment sur le fonctionnement et les pratiques de l’industrie pornographique, les conditions de tournage des actrices et acteurs (proxénétisme), les représentations des femmes et de la sexualité véhiculées ainsi que sur l’accès, de plus en plus précoce, des mineurs aux contenus pornographiques et ses conséquences.

Pendant plus de six mois, la délégation a mené des travaux sur l’industrie pornographique : des dizaines d’heures d’auditions, une analyse des contenus pornographiques disponibles en ligne aujourd’hui, le recueil de données chiffrées, le recours à une étude de législation comparée…

Le porno, machine à broyer les femmes

Les rapporteures présentent le tableau sombre que ces travaux ont permis de dresser : « Le porno est une machine à broyer les femmes »,expliquent les sénateurs, « Ce qu’on a vu, entendu, c’est absolument abject » affirme ainsi une sénatrice à Ouest-France. Elles espèrent alerter le gouvernement et l’opinion publique sur les violences massivement perpétrées et véhiculées par et dans l’industrie pornographique, ainsi que sur les représentations sexistes que promeut aujourd’hui ce business mondial du sexe lié au proxénétisme. Ainsi, pour le Mouvement du Nid, qui s’occupe des personnes prostituées, « le porno, c’est du proxénétisme à l’échelle industrielle ».

L’industrie du porno colonise les cerveaux

« Ce qu’on veut dire, résume une des sénatrices, c’est que l’industrie du porno est toxique dans son mode de fabrication et de consommation. Elle colonise les cerveaux. » Pour les rapporteuses, « on doit prendre conscience que c’est un problème de politique publique, il faut arrêter de détourner les yeux ».

Elles s’alarment tout particulièrement de l’accès facilité, démultiplié et massif des adultes à des contenus pornographiques de plus en plus violents et toxiques, y compris pour les mineurs.

Elles appellent à une prise de conscience sur ces violences systémiques et à mettre un terme au déni et à la complaisance dont bénéficie encore l’industrie du porno.

Pour ces sénatrices, il y a urgence à engager un large débat public sur les pratiques de cette industrie, afin de lutter, sur la base de leurs recommandations, contre les violences du porno et leurs conséquences.

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Pour aller plus loin :