Dans un rapport rendu public le 24 janvier 2023, l’Académie de médecine pointe du doigts les nombreux dangers du porno, dont le « sexting », qui peut également se transformer en revenge porn. Mais qu’est-ce que c’est ?
Le rapport de l’Académie de médecine explique le « sexting » :
« Il s’agit d’une pratique extrêmement banale à l’adolescence apparue à la fin des années 2000. Dans les pays anglo–saxons, 20 à 40% des adolescents de lycée déclarent avoir déjà envoyé des photos ou vidéos partiellement ou totalement dévêtus. C’est le sexting secondaire qui pose le plus de problème car il s’associe dans ce cas au cyberharcèlement ou à la cyberviolence. Du reste, un tiers des jeunes connait une personne affectée négativement par des pratiques de sexting. Le harcèlement concerne en France près de 700 000 enfants chaque année, et celui–ci comprend presque toujours une composante de cyberharcèlement sur l’image. La cyberviolence a certaines spécificités comparées aux autres expressions de la violence : elle prend volontiers un caractère viral sur les réseaux sociaux ; elle a une temporalité marquée par son caractère permanent et « non–stop » ; elle est ressentie comme anonyme ; elle s’inscrit dans un sentiment d’impunité des auteurs car la répression apparait difficile. »
« L’étude française la plus détaillée a été réalisée par Marion Rousseau lors d’une thèse de médecine. Plus de 1200 lycéens ont été interrogés sur leur pratique de cybersexualité : sur les 66% d’entre eux qui pratiquent la cybersexualité, le sexting est majoritaire : 21% des adolescents envoient des sextos et 60% en reçoivent. Notons que 12 % des garçons les diffusent. Les facteurs corrélés au sexting sont le temps passé, le nombre d’amis, et le nombre de messages échangés (tout confondu) sur les réseaux sociaux, une mauvaise estime de soi, l’absence de contrôle parental, avoir subi des violences et la consommation d’alcool ou de drogue. Comme pour le cyberharcèlement, le sexting pose des problèmes nouveaux en termes d’éducation à la sexualité et de nécessaire accompagnement par les adultes responsables. »
Le sexting secondaire est maintenant puni par la loi
Le sexting est régi par l’article 227–23 du Code Pénal qui sanctionne par 5 ans d’emprisonnement et 75 000 euros d’amende, « la fixation, l’enregistrement ou la transmission de l’image d’un mineur à caractère pornographique mais également son acquisition, sa détention et sa diffusion ». La loi du 5 Août 2013, a précisé que si le mineur représenté a 15 ans, les faits sont punis même s’ils n’ont pas été commis en vue de la diffusion de l’image. Le fait d’utiliser pour la diffusion un réseau de communication électronique est une circonstance aggravante. A noter que « le fait de diffuser un message à caractère pornographique susceptible d’être vu ou perçu par un mineur est également puni : article 227–24 du Code Pénal ».
La loi du 7 octobre 2016 a inséré l’article 226–2–1 dans le Code Pénal. Celui–ci précise le caractère sexuel des images ou paroles prises dans un lieu public ou privé. Les peines sont majorées à 2 ans d’emprisonnement et 60 000 euros d’amende. Il précise aussi le cas du revenge porn : « est puni, en l’absence d’accord de la personne pour la diffusion, de porter à la connaissance du public ou d’un tiers tout
enregistrement ou tout document portant sur des paroles ou images présentant un caractère sexuel, obtenu, avec le consentement exprès de la personne ou par elle–même ».
Et toi, que penses-tu du sexting ? Viens en parler avec nous sur le chat’ ! (écoute anonyme et gratuite) :
Pour aller plus loin :
- Le rapport de l’Académie de médecine sur la pornographie
- Notre synthèse de ce rapport sur les dangers du porno
- Le chemsex, c’est quoi ?